Cap sur le Grand Nord, avec l'oeuvre de François Auguste Biard
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L'œuvre peinte de François-Auguste Biard capture la beauté sauvage du Grand Nord, du Svalbard aux lumières boréales, mêlant art et science.
C’est un Lyonnais, peintre quasi-autodidacte, François Auguste Biard (1799-1882) qui nous entraîne dans l’archipel du Svalbard, la terre la plus septentrionale de la Norvège à seulement 1 100 kilomètres du pôle et intégré au pays depuis 1925. Conservée au Louvre, sa toile Magdalena Bay, vue prise de la presqu’île des Tombeaux, au nord du Spitzberg ; effet d’aurore boréale, peinte en 1841, fait écho à une mission scientifique au Spitzberg et en Laponie.
Celui qui se voyait avant tout en peintre voyageur avait accepté, enthousiaste, l’offre du naturaliste Paul Gaimard qui en plus d’apprécier son travail de peintre, avait de manière indispensable besoin d’un artiste capable de dessiner et peindre, alors que la photographie n’était qu’une technique balbutiante. Il participa donc à ce qui était la première expédition scientifique française dans le Grand Nord.
Durant l’été 1839, à bord de la corvette La Recherche - bâtiment de la Royale - accompagné de Léonie d’Aunet, il travailla sans relâche durant deux semaines, ne dormant que quelques heures, profitant du soleil omniprésent en cette saison. Pour rentrer à Paris, tous deux allaient retraverser la Laponie, passer par la Suède, l’Allemagne et revenir en France.
Sa compagne allait porter fièrement le titre de première femme au Spitzberg et devenir son épouse en juillet 1840 avant de vivre une grande passion avec Victor Hugo entre 1844 et 1851. Devenue journaliste, elle publia en 1854 le récit de ce voyage qui remporta un grand succès : Voyage d’une femme au Spitzberg.
Doté d’un sens aigu de l’observation et d’un goût de la mise en scène, Biard peignait, de retour, des paysages grandioses, parvenant à partager avec le regardant sa fascination pour les lumières boréales et la désolation de ces paysages nordiques. Ce nouvel intérêt, ce goût du nord, avait été mûri par l’Écosse de Walter Scott, par la redécouverte des mythologies germaniques et scandinaves ainsi que par les œuvres des paysagistes norvégien Johan Christian Dahl et allemand Caspar David Friedrich.
Ce romantisme du Nord garde le principe d’une nature inhumaine hostile à l’homme, comme dans les toiles d’Eugène Delacroix avec La chasse aux lions de 1855, cependant mutatis mutandis les fauves cèdent la place aux ours blancs.
Biard, qui par ailleurs connaissait très bien le principal représentant du romantisme français, n’effectuait qu’une transposition de sauvagerie, mais le principe demeurait le même que chez son confrère Eugène Delacroix.
Cependant, la peinture de François-Auguste Biard ne s’inscrit pas dans un projet métaphysique comme l’œuvre de Caspar David Friedrich, qui fut selon David d’Angers "l’inventeur d’un genre nouveau : la tragédie du paysage". Pour l’Allemand, imaginer Dieu ne signifie pas le représenter, c’est donné à celui qui regarde le tableau la sensation, l’intuition, l’impression que quelque chose de mystérieux se joue et procède d’une volonté divine. C’est exactement ce que l’on ressent en admirant à la Kunsthalle de Hambourg l’une des plus célèbres de ses toiles, datée de 1823-1824 : Le naufrage ou La mère de glace qui traitait du même sujet une vingtaine d’année plus tôt.
Biard est aussi un grand paysagiste, il y a chez lui l’obsession pour les panoramas conduisant à l’immersion dans l’œuvre d’art peinte. Nous savons qu’il avait réalisé un panorama au début de sa carrière en Égypte. Il peignit également le panorama de la baie de la Madeleine qui orne aujourd’hui encore le pavillon de minéralogie du Jardin des plantes.
La toile du Louvre impressionne au premier regard par la nature qui écrase l’homme et par un camaïeu de couleurs froides ; une gamme de couleurs inaccoutumées avec du blanc, du noir, du brun, quelques touches de bleu et de vert. Dans le ciel, une authentique aurore boréale propage ses lueurs fantastiques en rendant les glaces plus inquiétantes encore.
Ce tableau rend hommage à l’ambition du peintre qui, s’aidant de plusieurs centaines de dessins et aquarelles réalisés durant l’expédition, visait à restituer une certaine "vérité scientifique" permettant d’instruire le public, tout en le divertissant et l’effrayant avec des ours polaires omniprésents et des naufrages tragiques.
Ces frayeurs, le navigateur et pionnier des expéditions dans les eaux du Grand Nord Willem Barentsz les avait affrontées avant lui lors de ses voyages à l’extrême fin du XVIe siècle, et dont le troisième devait lui coûter la vie en juin 1597. La volonté de Biard était non seulement de faire une œuvre artistique mais aussi scientifique ; ainsi rapporta-t-il de son voyage une véritable collection ethnographique.
Dans un second temps, se détachant sur le reflet argenté de l’aurore boréale et sur la neige pâle, le regardant distingue des silhouettes humaines. Misérables assurément et déjà morts pour certains, il s’agit de naufragés car non loin en contrebas, au milieu des glaces, flottent les rares débris d’un bateau.
Un homme assis, recroquevillé se réduisant à une silhouette - son visage et son corps disparaissent sous une pèlerine et un capuchon - semble attendre une mort inéluctable et prochaine. Tournant le dos à la lumière, il a peut-être déjà renoncé à lutter ? Cependant, dans l’angle inférieur droit du tableau, des traces de pas laissent augurer qu’un de ses compagnons est allé chercher du secours ou tout simplement tenter sa chance…
François-Auguste Biard, "un homme curieux mais un bien curieux homme", était toujours là où on ne l’attendait pas… Animé d’un esprit comparable à celui du naturaliste, géographe et explorateur prussien Alexander von Humboldt, François-Auguste entreprenait son second grand voyage qui le conduisit au Brésil.
Entre 1858 et 1860, il alla étudier le peuple Munduruku, des Amérindiens non acculturés d’Amazonie. Puis, dans une série de toiles et de gravures dont l’acmé est le tableau intitulé L'Émancipation des Noirs, il dénonça de manière didactique le crime que représentait le processus de la traite et se mua en apôtre de la cause abolitionniste. Ces œuvres enthousiasmèrent un certain Victor Schœlcher… mais il s’agit déjà d’une autre histoire, d’un tout autre voyage.
Gérard Bonidan
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