Interview : Thierry Soulard et le voyage "Poussières d'empires"
Chaque année, le conférencier Thierry Soulard accompagne un circuit Intermèdes intitulé Poussières d'empire. Il nous en parle.
Thierry, tu rentres de ce circuit qui a eu lieu du 8 au 12 juin. S'est-il bien passé ?
L'ambiance était vraiment très sympathique, et nous partagions les mêmes centres d’intérêts. Nous formions un groupe complet, une vingtaine d’inscrits. C’est le maximum fixé par Intermèdes pour pouvoir bien profiter des sites et des musées, et favoriser les échanges. Un moment convivial par exemple : prendre ensemble un petit verre de vin blanc de Moselle au kiosque sur la place du marché à Trèves, près de la croix du Xe siècle. D’ailleurs, partager les mêmes goûts pour l’histoire et l’art n’exclut pas les moments de détente et d’humour !
Que signifie le titre « Poussières d’Empires » ?
J’ai inventé ce titre pour évoquer trois empires disparus, l’Empire romain, l’Empire carolingien et le Saint-Empire germanique. A Trèves, c’est tout particulièrement la ville romaine antique qui est mise en avant, avec la Porta Nigra, l’amphithéâtre, les immenses thermes impériaux inachevés et le musée. C’est aussi la basilique du début du IVe siècle qui rappelle le souvenir de Constantin qui y siégea entre 306 et 312. Un retour vers la fin du monde antique.
L'Empire carolingien ?
C’est sûrement le thème le plus important du circuit. Nous visitons Metz à l’aller, c’est le berceau de la famille de Charlemagne. Nous évoquons ainsi la figure de l’évêque Chrodegang, un proche de Pépin le Bref, à la cathédrale, dans la basilique Saint-Pierre-aux-Nonnains ainsi qu’au splendide musée de la Cour d’or avec ses riches collections de l’Antiquité et du Haut Moyen Age.
Au retour, nous visitons le lieu le plus emblématique de l’empire carolingien, Aix-la-Chapelle. La chapelle palatine de Charlemagne est un monument exceptionnel à tous égards, un reflet terrestre de la Jérusalem céleste, conçu ainsi par le maître d’œuvre Eudes de Metz. Et que dire du trésor avec le sarcophage de Charlemagne, la croix de Lothaire de l’an Mil, les reliquaires des XIVe et XVe siècles, le retable du XVIe siècle ? Il me faudrait plus de temps pour vous en parler !
Et le Saint-Empire germanique ?
On l’évoque à l’abbaye de Maria Lach avec son immense église du XIIe siècle. Mais c’est surtout Cologne, la ville sainte dirigée par son archevêque-électeur -comme Trèves d’ailleurs- qui nous plonge à l’époque des empereurs allemands, avec sa grande cathédrale gothique inspirée du style rayonnant français et ses églises ottoniennes, romanes et gothiques. Au musée Wallraf-Richartz, on découvre particulièrement la richesse de la peinture du XVe siècle à Cologne, alors que la ville faisait partie de la Hanse. Je suis toujours impressionné par la douceur angélique des visages du peintre colonais Stefan Lochner ainsi que la richesse de ses étoffes et de ses bijoux !
Faut-il avoir des connaissances préalables pour pleinement apprécier ce circuit ?
Pas du tout ! Justement, mon objectif, c’est de faire découvrir ces périodes de l’histoire relativement moins connues qui sont illustrées par des monuments splendides. Ainsi, je profite des trajets en autocar pour donner des repères historiques et faire vivre les protagonistes de ces époques. Par exemple, j’ai passé pas mal de temps sur Constantin ou sur Charlemagne. Et à propos de ce dernier, sa canonisation par Frédéric Barberousse ainsi que sa dimension légendaire. Sans oublier le fait que c’est aujourd’hui une figure de l’Union européenne, avec le prix Charlemagne, décerné à l’hôtel de ville d’Aix-La-Chapelle. J'essaie toujours de rendre l'histoire accessible à tous, et de l'animer avec des anecdotes passionnantes.
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