"La Jeune Fille à la perle", un chef d’œuvre de Vermeer
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Découvrez l'histoire de La Jeune Fille à la perle, du peintre néerlandais Vermeer. Chef-d'œuvre du XVIIe siècle, cette œuvre est célèbre pour sa lumière et son mystère.
La Jeune Fille à la perle, appelée aussi Jeune Fille au turban, est avec La Laitière le tableau le plus célèbre de Johannes Vermeer (1632-1675). On l’a surnommé "la Joconde du Nord", tant par la fascination qu’il exerce que par son sujet et sa composition.
Toutefois, cette peinture s’inscrit plutôt dans la tradition néerlandaise des tronies, c’est-à-dire l’étude expressive d’un visage original traduisant un état d’esprit particulier (le mot a donné "trogne"en français, qui revêt un caractère relativement péjoratif absent à l’origine). Ce n’est donc pas un portrait mais plutôt un exercice de style traduisant les capacités du peintre, avec une dimension illusionniste accentuée par les contrastes de lumière et les couleurs. Les tronies évoquaient aussi les caractères humains, jeunesse, vieillesse, sagesse, piété, force, impulsivité…
La Jeune Fille fait partie des 34 tableaux attribués avec certitude à Vermeer. Il est signé dans le coin supérieur gauche mais on ne distingue que très peu les caractères, peints ton sur ton avec le fond monochrome. Il est daté autour des années 1665 d’après les recherches menées sur le sujet. Il aurait peut-être été acquis par Pieter van Ruijven, riche percepteur de la ville de Delft, comme le suggère l’étude de sa succession qui comportait plusieurs tronies de Vermeer.
Il tombe dans l’oubli durant deux siècles, avant d’être acheté en 1881 par le collectionneur Arnoldus Andries des Tombe pour seulement deux florins et trente cents. La toile est alors sale et abîmée, mais l’acquéreur, qui soupçonne que le tableau est de Vermeer, a la joie de découvrir la signature du peintre après restauration. Des Tombe prête alors le tableau au Mauritshuis, avant de le léguer au musée à sa mort en 1902. Depuis lors, c’est le joyau du célèbre musée de La Haye.
L'œuvre a fait l’objet d’une importante restauration en 1994, qui s’est déroulée en public. Les couleurs ont retrouvé leur éclat d'origine. Par ailleurs, on a pu étudier ainsi très précisément les techniques de Vermeer. Cette peinture à l’huile sur toile est de moyen format, pratiquement carrée (44,5 cm × 39 cm).
Le modèle de la jeune fille reste inconnu, peut-être s’agit-il de Maria (environ 12-14 ans), la fille aînée de Vermeer, ou sa sœur plus jeune Élisabeth, mais ce n’est de toute façon pas un portrait individualisé. L’adolescente se détache sur un arrière-plan obscur, quasiment monochrome, sans doute à l’origine vert très foncé, noirci par le temps. Représentée en buste de trois quarts dos, elle tourne le visage par-dessus son épaule pour regarder le spectateur, à qui elle semble s’adresser par ses lèvres entrouvertes, figeant l’instant. Il se dégage ainsi un étonnant effet de naturel, presque de familiarité.
La veste d’une teinte jaune assombri est rehaussée d’un col blanc qui met en valeur le visage. La tête est couverte d’un turban à la turque, accessoire exotique courant qui introduit la couleur bleue liée au jaune. Elle porte une perle à l’oreille qui, de même que les yeux, reflète la lumière venue de la gauche du tableau. Le symbolisme de la perle évoque la pureté et la chasteté ; elle était très souvent associée à la Vierge dans la peinture flamande du XVe siècle.
La palette picturale est réduite à une dizaine de couleurs. Le choix d'un arrière-plan sombre sans profondeur est inhabituel chez Vermeer. Il contribue à créer un contraste lumineux et à mettre en valeur les couleurs : le bleu du turban, le jaune du tissu qui le surmonte, le rouge des lèvres et la carnation du visage. Si on examine de près les contours, ils ne sont pas délimités précisément par des lignes. Ainsi, l'arête du nez semble fondue dans la joue droite, elle n'est pas dessinée clairement. La couleur suggère ainsi le dessin, elle est posée par de vigoureux coups de pinceau, se mélange parfois directement sur la toile et se superpose en effets de glacis.
On sait que Vermeer a utilisé la camera obscura (chambre obscure), procédé optique permettant de projeter l'image d'un modèle sur une surface plane, amélioré à la fin du XVIe siècle par une lentille. Cette technique produisait des images aux contours légèrement flous ("cercles de confusion"), surtout visibles par les contrastes entre les zones lumineuses. On serait tenté d’interpréter le léger flou des contours de la peinture comme la conséquence de l’emploi de cette technique, plutôt utilisée comme aide pour les jeunes peintres. On peut considérer qu’en employant la chambre obscure, "Vermeer n’en a pas reproduit aveuglément les résultats, mais en a, bien au contraire, travaillé les effets" nous dit Daniel Arasse.
Même s’il ne s’était jamais rendu dans la Péninsule, Vermeer connaissait très bien la peinture italienne, il avait d’ailleurs été mandaté en 1672 à La Haye en tant qu'expert pour juger de l’authenticité d’œuvres de la Renaissance. La pose de la jeune fille qui se retourne et regarde le spectateur par-dessus son épaule s’inspire de portraits italiens, en particulier du Titien (Portrait d'homme dit l’Arioste, 1512) et de Raphaël (Portrait de Bindo Altoviti, vers 1514).
Par ailleurs, sa maîtrise du clair-obscur s’inscrit dans le mouvement du caravagisme très présent dans les Provinces-Unies, en particulier à Utrecht. D’ailleurs son épouse, Catharina Bolnes, était une parente d’Abraham Bloemaert (1564-1661), qui avait fait partie de ce courant artistique.
Enfin, l’absence de lignes de contour évoque la technique du sfumato de Léonard de Vinci, que ce dernier avait théorisé. En créant le relief et la profondeur par des jeux d’ombre et de lumière plutôt que par des traits nets, Vermeer s’est éloigné des portraitistes hollandais, tels Gérard Dou (1613-1675) ou Frans van Mieris de Oudere (1635-1681), attachés à une grande précision du dessin, pour reprendre les effets de Léonard de Vinci. A ce titre, La Jeune Fille à la perle mérite son surnom de « Joconde du Nord », avec laquelle elle partage son caractère fascinant et mystérieux.
Pour rêver un peu, un beau roman historique : Tracy CHEVALIER, La Jeune Fille à la perle, paru en anglais 1999, en traduction chez Gallimard, coll. Folio, 2002. En 2003, Peter Webber a réalisé une adaptation cinématographique du roman mettant en vedette Scarlett Johansson dans le rôle de la jeune Griet, et Colin Firth dans celui de Johannes Vermeer.
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