Des caravelles d’or
Revenir en haut
Petite histoire des dominations du territoire qui deviendra l'Espagne, et du "siècle d'or" qui suit la découverte du Nouveau Monde.
Des caravelles chargées d’or ! Au XVIe siècle, l’or et l’argent venus des Amériques est déversé à Séville et ruisselle sur l’Andalousie. C’est un véritable "siècle d’or" espagnol qui soutient la puissance de Charles Quint puis de Philippe II. L’expédition de Christophe Colomb en 1492 vers le continent américain en constitue le point de départ. A cette époque, l’Espagne est un État très récent et l’Andalousie, qui avait brillé de mille feux quelques siècles auparavant, est sur le déclin, avant de redevenir pour un temps une des régions les plus riches et les plus cosmopolites d’Europe.
Dans l’Antiquité, la province de Bétique, du nom du fleuve Betis (le Guadalquivir) correspondait approximativement à l'actuelle Andalousie, avec pour capitale Corduba (Cordoue), où était né Sénèque sous le règne d’Auguste. Intégrée au royaume wisigoth dès le Ve siècle, la région est ensuite conquise au début du VIIe siècle par les Maures : ces berbères arabisés d’Afrique du Nord avaient débarqué en 711 à Gibraltar (qui tire alors son nom de l’arabe jebel tareq, le "mont de Tareq", du nom du Berbère Tariq ibn Ziyad qui avait mené les troupes).
C’est à ce moment qu’apparaît le nom d’Andalousie, Al-andalus en arabe, un émirat. En 929, Abd-ar-Rahman III, issu de la dynastie omeyyade, se proclame calife de Cordoue. La civilisation andalouse est alors une des plus brillantes du monde, arts, lettres et sciences témoignent de son haut degré de développement. La grande mosquée de Cordoue en constitue un des plus extraordinaires témoignages. Mais la fin du califat en 1031, qui sombre dans les querelles de succession, ouvre une période d’inexorable déclin : se constituent alors des royaumes indépendants (pas moins de 23 !), puis les dynasties almoravide et almohade d’Afrique du Nord rattachent l'Andalousie à leur empire. La Reconquista, reconquête de la péninsule ibérique par les royaumes chrétiens, commence dès le XIe siècle.
Au XIIIe siècle, l'effondrement des Almohades favorise la conquête de l’Andalousie par les rois de Castille : après la grande victoire de Las Navas de Tolosa près de Jaén (province d’Andalousie), la prise de Cordoue (1236) puis de Séville (1248) marque la fin de la présence des Maures, sauf dans le petit royaume de Grenade. Les rois de Grenade sont désormais des vassaux de la couronne de Castille, ils édifient les somptueux palais de l’Alhambra. En 1469, le mariage entre Isabelle, future reine de Castille (1474-1504) et Ferdinand II, futur roi d'Aragon (1479-1516) permet l'union des deux couronnes à l’origine du royaume d’Espagne. Les Rois catholiques gouvernent ensemble les deux États à l’origine de l’Espagne de leur petit-fils Charles Quint.
L’année 1492 est marquée par deux évènements majeurs en Andalousie : le 3 janvier, les chrétiens s'emparent de Grenade, ultime étape de la Reconquista. Le 17 avril, les rois catholiques signent les capitulations de Santa Fe (proche de Grenade), chargeant Christophe Colomb d’atteindre les Indes - en Asie - en traversant la mer Océane. Colomb embarque le 3 août 1492, avec 3 navires (les deux caravelles la Pinta et la Niña, et la caraque la Santa María) ainsi que 90 hommes, au port andalou de Palos de la Frontera. Dans la nuit du 11 au 12 octobre 1492, il atteint l'île San Salvador des Bahamas, probablement. Puis il découvre d’autres îles, en particulier Cuba le 28 octobre et Hispaniola (Saint-Domingue) le 4 décembre. Revenu à Palos de la Frontera le 15 mars 1493, il mènera ensuite trois autres expéditions. Persuadé d'avoir atteint les Indes, il meurt en 1506 sans savoir qu'il avait découvert un continent inconnu des Européens.
Les expéditions menées à la fois par l’Espagne et le Portugal sous le roi Jean II (1481-1495) et son successeur Manuel 1er (1495-1521) se multiplient très rapidement. Pour se partager les nouvelles terres à conquérir, les deux royaumes concluent le traité de Tordesillas le 7 juin 1494 sous l'égide du pape Alexandre VI. Un explorateur d’origine génoise, Amerigo Vespucci, participant entre 1497 et 1504 à quatre expéditions tant espagnoles que portugaises, comprend en 1501 que les territoires découverts ne font pas partie de l’Asie mais constituent un nouveau continent. A l’appui, il publie en 1503 un livre, Le Nouveau Monde (Mundus Novus). En 1507, un cartographe baptise en son honneur ce continent "Amérique" (America, du prénom Amerigo). Le nom se répand et est définitivement adopté en 1532.
Durant le XVIe siècle, Séville devient le principal port espagnol pour les voyages avec le Nouveau Monde, détenant le monopole du commerce avec les Amériques. Le port fluvial, sur le Guadalquivir, est situé à 89 km de l'embouchure du fleuve sur l'océan Atlantique (en 1717, à cause de l’envasement du fleuve, il sera remplacé par Cadix). Le 20 janvier 1503 est fondé à Séville la Casa de Contratación de Indias (appelée aussi « maison indienne » ou « Casa del Oceano ») qui contrôle l’ensemble du commerce du Nouveau Monde, encore considéré comme les Indes.
C’est une époque de grande richesse pour l’Andalousie, qui devient la région la plus cosmopolite d’Espagne. Séville, la « grande Babylone d’Espagne », voit sa population tripler, atteignant les 130 000 habitants. Des marchands y affluent de toute l’Europe, et même d’Asie à la fin du XVIe siècle. Toutes les marchandises doivent transiter par la Casa de Contratación avant d’être exportées dans toute l’Europe, en particulier l’or, l’argent, les pierres précieuses, les perles… La Casa, gérée exclusivement par des Espagnols approuvés par le gouvernement, prélève pour le compte de la couronne espagnole le quinto real, un impôt -considérable- de vingt pour cent sur chaque exportation.
Entre le début du XVIe siècle et le milieu du XVIIe siècle, 25 000 navires arrivent à Séville : des caravelles d’or ainsi qu’un véritable "fleuve d’argent ". Près de 17 000 tonnes d’argent passent par la Casa, et si l'on tient compte de la contrebande et de la fraude, on peut estimer à au moins 25 000 tonnes l’argent arrivé des Amériques, en particulier grâce à l’exploitation des mines du Mexique et du Haut-Pérou. Malgré la durée du trajet (au moins douze mois aller-retour), les gisements abondants, faciles à exploiter avec une main d’œuvre locale souvent contrainte au travail forcé rendent le coût d’exploitation extrêmement avantageux. Par ailleurs, la cochenille et l’indigo, utilisés pour la teinture, ainsi que les cuirs sont aussi très rentables.
Une immense quantité de documents issus de la Casa de Contratación est aujourd’hui conservée dans le bâtiment de la Casa Lonja de Mercaderes de Séville, construit sous le règne de Philippe II entre 1584 et 1598. Outre les documents comptables, on y trouve des témoignages du rôle essentiel de la Casa de Contratación : conseiller le roi pour développer le commerce des Amériques, se charger de la justice commerciale, de la cartographie, de la formation de pilotes, faire connaître les us et coutumes des peuples amérindiens.
Au XVIIe siècle, l’Angleterre, la Hollande et la France s’implantent solidement sur le continent américain. Le monopole commercial devient alors une fiction (il sera officiellement aboli en 1790). L'Andalousie est en même temps durement touchée par des épidémies de peste, une crise agraire avec des révoltes et une stagnation économique qui mettent un terme à cette période fastueuse. Cependant, ce sombre XVIIe siècle est aussi l’âge d’or de la peinture en Andalousie, illuminé par Velasquez, Zurbaran et Murillo…
autres articles
découvrez nos catalogues
Voyages susceptibles de vous plaire
Contacts
Newsletter
Inscrivez-vous à notre newsletter pour rester informé et recevoir nos offres en avant-première.
Catalogues
Découvrez nos catalogues gratuits pour suivre l'actualité de toutes nos marques (sans engagement).
INTERMÈDES
Qui sommes-nous ?
L'esprit Intermèdes
Nous contacter
Protection des données et cookies
Conditions de vente
Partenaires
Nos gammes
SERVICES
Mon compte
Inscription à la newsletter
Hôtels aéroports
Nos voyages culturels
Nos thèmes
Moyens de paiement
Qualité certifiée