"Le banquet des officiers de la garde civique", de Frans Hals
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Le Banquet des officiers de la garde civique de Saint-Georges, peint en 1616, est le premier grand succès de Frans Hals et marque une ère nouvelle dans les portraits de groupe. Analyse.
Frans Hals est né à Anvers aux alentours de 1580-1585 (la date n'est pas certaine.) Sa famille s'est établie dès son plus jeune âge à Harlem, dans les Provinces-Unies, à la suite de la prise d'Anvers par les troupes espagnoles durant la guerre de Quatre-Vingts Ans. Autour de 1600, Frans est apprenti chez le peintre maniériste Carel Van Mander, autre émigré flamand, qui semble avoir eu peu d’influence sur son style personnel. En 1610, il devient membre de la corporation des peintres de Harlem : la guilde de Saint-Luc. Ses premiers tableaux sont mal connus ou d’attribution discutée (comme le Portrait de Jacobus Zaffius, 1611).
Le Banquet des officiers de la garde civique de Saint-Georges constitue le premier grand succès de Frans Hals. Il est précisément daté de 1616, le peintre avait donc une trentaine d'année. Elle est sa première œuvre d’attribution indiscutable.
En 1612, le peintre devient membre de la milice urbaine connue sous le nom de garde de Saint-Georges - des membre sont choisis par le conseil de Harlem pour servir la ville pendant trois années. Le registre du groupe mentionne clairement son nom et sa qualité : "Frans Hals schilder" ("Frans Hals peintre"). C'est donc tout naturellement que ses membres font appel à lui quand il s'agit de les représenter. Il le fait au moins à trois reprises : en plus du Banquet, on a conservé deux autres tableaux datant des environs de 1627 et 1636. Pour ce tableau précisément, les membres ont choisi d'être figurés à l'occasion de la fin de leur mandat.
Le tableau est de très grandes dimensions : 1 mètre 75 sur 3 mètres 24, peint sur une seule pièce de lin sans couture. Tous les personnages représentés sur le tableau sont bien identifiés, avec leur nom et leur fonction, selon une disposition hiérarchique. Assis à gauche de la table se trouve le colonel Hendrick van Berckenrode, portant une écharpe orange en bandoulière, avec à sa droite son adjoint Johan van Napels, muni d’une écharpe rouge et blanche identique à celle des capitaines et de lieutenants autour de la table et des trois enseignes, debout avec leurs drapeaux. A droite à l’arrière-plan, le serviteur est lui-aussi debout, sans écharpe.
C’est donc une juxtaposition de portraits, représentés grandeur nature, ce qui explique la vaste dimension du tableau. Le portrait de groupe est un genre qui s’est épanoui en Hollande pour représenter des officiers de milices citoyennes, des régents de guildes - on parle plus volontiers à l'époque de corporations - ou d’associations charitables… Chaque membre payait en fonction de sa place et de l’espace occupé sur le tableau. Les personnages les plus importants, en général au premier plan, versaient les sommes d’argent les plus grandes. La compagnie offrait à son serviteur le coût de son portrait. En général, chaque membre devait poser séparément en atelier pour le peintre qui réalisait ensuite le portrait de groupe.
Pour rompre avec la disposition répétitive, rigide et formelle des personnages que l’on trouve sur les portraits de groupe antérieurs, tel celui de Cornelis Cornelisz van Haarlem représentant le banquet des officiers de la même compagnie de Saint-Georges en 1599, Franz Hals a réalisé une véritable mise en scène. Il a su traduire la hiérarchie existant au sein du groupe tout en montrant sa cohésion. En présentant les personnages en conversation, têtes tournées, faisant des gestes, il a trouvé un équilibre subtil entre l’individualité des portraits et l’unité de l’ensemble. Mais il a aussi placé la scène dans un espace tridimensionnel, dynamique et théâtralisé.
La grande diagonale tracée par l’étendard, prolongée par les têtes des personnages de gauche, est une innovation majeure dans ce type de tableau : elle conduit le regard du spectateur vers la fenêtre ouvrant sur un paysage qui aère la composition et lui donne du champ. Enfin, Frans Hals peint aussi avec virtuosité les reflets de la tenture, les vêtements aux collerettes de dentelle, la nappe blanche damassée de Harlem, les coussins en brocart des chaises et les hallebardes accrochées au mur dont le métal luit faiblement. Sur la table, les verres et les plats aux éclats de lumière composent avec les mets une véritable nature-morte.
Frans Hals, qui allie la maîtrise du portrait à celle de la perspective, de la peinture de paysage et de nature morte, ouvre ainsi une nouvelle ère dans le portrait de groupe, dont la mise en scène recherche désormais à traduire une sensation de naturel jusqu’alors étrangère à ce genre pictural. La très célèbre Ronde de nuit (de son nom original La Compagnie de Frans Banning Cocq et Willem van Ruytenburch) de Rembrandt, exact contemporain de Hals, a été peinte une quinzaine d’années plus tard. Développant l’idée de théâtralisation et de dynamisme, elle présentera ses protagonistes debout en train de se déplacer, dans une atmosphère très agitée, avec de forts contrastes de lumière et d'obscurité.
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