Les 150 ans du mouvement impressionniste
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Le 15 avril 1874 ouvre dans le studio du célèbre photographe Nadar, au 35 boulevard des Capucines à Paris, une exposition organisée par la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs. Elle va durer un mois. A cette occasion, Louis Leroy, peintre et écrivain, va employer dans le journal Le Charivari l’expression « impressionniste », ironisant sur le tableau de Claude Monet Impression, soleil levant. A partir d’un commentaire moqueur, une nouvelle expression était née, reprise par les critiques et historiens de l’art, qui regroupait l’œuvre d’artistes dont le style présentait cependant de notables différences. L’exposition fut appelée rétroactivement « Première exposition des peintres impressionnistes ».
Le rupture avec les règles académiques était apparue progressivement à partir des années 1820 en France. Le romantisme de Théodore Géricault et Eugène Delacroix, le réalisme de Gustave Courbet et le naturalisme de la peinture de paysage de l’Ecole de Barbizon avaient tracé de nouvelles voies. Le paysage, sous l’influence des Britanniques Bonington, Constable et Turner, était donc devenu un genre à part entière grâce à Jean-Baptiste Camille Corot, Narcisse Diaz de la Peña, Charles-François Daubigny, Jean-François Millet et Théodore Rousseau, entre autres. Corot, Courbet et Delacroix constituent alors des références pour les futurs peintres impressionnistes.
La vision instantanée et subjective du peintre est privilégiée aux dépends de la construction soumise aux règles académiques. L’apport technique de l’invention des couleurs en tube et du chevalet léger permet de peindre sur place, et aussi de voyager. Les pratiques picturales séculaires sont ainsi remises en question : par exemple la netteté des contours, les dégradés des couleurs et le clair-obscur qui donnait du relief au tableau… Cette nouvelle perception subjective et personnelle est revendiquée par Manet : « Je peins ce que je vois, et non ce qu'il plaît aux autres de voir ».
Les futurs peintres impressionnistes vont développer de nouveaux procédés en rupture avec les traditions. C’est dans la couleur que réside une grande part de leurs innovations. Ils juxtaposent des teintes primaires pures et leurs complémentaires qui se combinent entre elles ; ils mettent ainsi en pratique les théories sur la vision des couleurs du chimiste Michel-Eugène Chevreul (1786-1889). Les formes et les volumes apparaissent au travers des touches fragmentées de peinture, légères ou empâtées, mélangées directement sur la toile. La lumière, avec ses évolutions atmosphériques, se diffuse dans la palette claire des paysages.
Dans les années 1860, les futurs peintres impressionnistes se rencontrent : Degas, Manet, Fantin-Latour et Berthe Morisot au Louvre ; Pissarro, Guillaumin et Cézanne à l'académie Suisse, au coût modique, fondée par Martin-François Suisse ; Monet, Bazille, Renoir et Sisley dans l'atelier de Charles Gleyre, attaché aux traditions académiques mais à l’esprit ouvert, respectueux de la personnalité de ses élèves.
Le Salon de peinture et de sculpture (dit simplement « le Salon »), dont l’origine remontait à 1673, se tient, à partir de l’Exposition universelle de 1855, au nouveau palais de l'Industrie (à l'emplacement du Grand Palais actuel) et non plus au Louvre. Il présente au public des œuvres sélectionnées par l’Académie des beaux-arts, issues majoritairement de l’art officiel, et refuse les innovations jugées trop audacieuses.
Napoléon III, ouvert à la modernité, pense que le jury officiel y est trop restrictif. En 1863, plus de 3 000 œuvres ont été écartées sur les 5 000 qui ont concouru. Sur les conseils de Viollet-Le-Duc, il décide qu’une exposition des refusés se tiendra dans une annexe du Palais de l'Industrie. 871 peintres exposent alors au « Salon des refusés » qui ouvre le 15 mai 1863 en marge du Salon officiel. « Sans jury ni récompenses », il offre une véritable liberté aux peintres, aux qualités très diverses. On y découvre Pissarro, Fantin-Latour, Whistler, Jongkind… L’un des trois tableaux de Manet exposés, Le Déjeuner sur l'herbe, alors intitulé Le Bain, est rapidement retiré.
En 1864, l’empereur autorise la présentation d’œuvres en marge du Salon, sans toutefois mettre à disposition un espace similaire à celui du Salon des refusés. Manet présente de nouveau, plus longuement cette fois, son Déjeuner sur l’herbe qui déclenche une violente polémique, tant esthétique (un style brutal) que morale (une femme nue « ordinaire » avec deux hommes habillés dans la campagne). L’autorisation ne sera pas renouvelée les années suivantes par crainte de désordre public. Les artistes trouveront de nouveaux lieux d’exposition, privés.
Ultérieurement, le Salon ne reste cependant pas totalement fermé aux futurs impressionnistes, Pissarro et Degas présentent des œuvres à tous les Salons entre 1865 et 1870. D’autres y exposent une seule fois : au Salon de 1865, un autre tableau de Manet, Olympia, entraine un scandale retentissant.
Dès 1867, Auguste Renoir, Frédéric Bazille, Claude Monet, Alfred Sisley et Camille Pissarro signent en vain une pétition pour le rétablissement d'un espace destiné aux refusés et envisagent d’organiser leurs propres expositions, de même que le groupe des Batignolles réuni autour d'Édouard Manet dans son atelier ou au Café Guerbois. Les projets sont interrompus par la défaite de 1870, la chute du Second Empire et la proclamation de la IIIe République. En 1873, le Salon, qui a repris, refuse encore nombre de tableaux novateurs. C’est dans ce contexte qu’est organisée l’exposition qui donne son nom aux impressionnistes, du 15 avril au 15 mai 1874, dans le grand espace, éclairé par une verrière, de l’atelier de Nadar.
L’exposition fait l’objet de critiques négatives dans la presse, mais aussi d’éloges chaleureux, comme ceux d’Emile Zola, de Théodore Duret ainsi que du marchand d’art Paul Durand-Ruel. Une trentaine de peintres exposent 165 œuvres, tous genres mélangés selon le souhait de Degas, malgré l’avis de Monet. Les visiteurs sont en nombre limité - 3500 en un mois - et dix tableaux seulement sont vendus. Sept autres expositions impressionnistes vont suivre en 1876, 1877, 1879, 1880, 1881, 1882, 1886, avant que les peintres, souvent en désaccord, ne suivent leurs propres voies, d’autant plus qu’à partir de 1881 le Salon officiel de l’Académie laisse la place au Salon des artistes français, plus largement ouvert.
Si le mouvement impressionniste a temporairement regroupé des peintres aux aspirations artistiques communes et aux liens amicaux entre les années 1860 et 1880, il est cependant loin d’être uniforme, tant dans les sujets de prédilection (paysages, cabarets, guinguettes, scènes de la vie moderne…) que dans les styles des peintres eux-mêmes. Par exemple, les danseuses de Degas appartiennent à un univers bien différent que celui des paysages de Monet…
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