Sophie Calle, une française lauréate du prix Praemium, le "Nobel des arts"
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Le prix Praemium, distinction artistique internationale prestigieuse, a été remis au début du mois à plusieurs lauréats. Pour sa 35e édition, le « Nobel des arts » a récompensé artistes en vue comme talents naissants. La plasticienne française Sophie Calle est du nombre.
Créé en 1988 par la Japan Art Association et soutenu par le groupe de médias Fujisankei, le prix Praemium récompense chaque année des collectifs d’artistes ou des artistes seuls. Remise par le prince Hitachi du Japon, parrain de la Japan Art Association, la distinction s’accompagne de la somme de 15 millions de yens – à peu près 96 000 euros. Le jury prend sa décision sur la base de listes d’artistes élaborées par des comités internationaux.
Cette édition a vu récompensés le Taïwannais Ang-Lee dans la catégorie théâtre-cinéma et la Colombienne Doris Salcedo pour la sculpture – ils sont les premiers de leur nationalité à recevoir le prix Praemium. La Portugaise Maria João Pires brille dans la catégorie musique. Shigeru Ban, japonais, s’illustre en architecture. Et c’est une Française, Sophie Calle, qui décroche le prix dans la catégorie peinture.
Le langage, la disparition progressive, le manque affectif… Les thèmes abordés par la plasticienne et photographe sont à la fois spirituels et résolument ordinaires. Elle pratique ce que l’on qualifie « d’autofiction » : elle transforme les moments de sa vie en œuvre d’art. La trame de son existence se traduit alors, comme le fil d’un roman, à travers l’ensemble de son œuvre, trouvant ainsi une existence réelle dans l’espace public. Sophie Calle n’a aucune préférence de médium, elle utilise autant la photographie, la peinture, que les films et les performances fugaces.
Le début de sa vie est d’abord marqué par la politique : elle est engagée dans plusieurs mouvements militants durant les années 1970. De retour de nombreux voyages, elle se lance dans une suite de performances qui marquent les prémices de ce rapprochement de l’art et de la vie qui marquera son œuvre. Sa carrière artistique publique commence en 1980, quand elle participe à la Biennale de Paris. Elle s’installe alors dans un atelier à Malakoff. Parmi ses œuvres emblématiques, Les dormeurs (1979) représente la trentaine de personnes que l’artiste a invitées à partager son sommeil le temps de quelques heures, créant de toutes pièces une étrange intimité ; Suite vénitienne, née d’une filature d’un inconnu jusqu’à la Sérénissime, oscille entre réalité et romanesque ; et L’Hôtel, où l’artiste espionne les clients grâce à une couverture de femme de chambre, déclenche à la fois inconfort et fascination. Sa réputation internationale grandit au fil des expositions. Ses remarques et corrections envahissent le musée Picasso d’octobre 2023 à janvier 2024, titillant avec drôlerie la référence du cubisme. Le prix Praemium vient de nouveau récompenser son sens du drame comme de l’ordinaire : Sophie Calle rejoint la vingtaine d’artistes français distingués ces 35 dernières années.
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