Noël à Versailles avec Louis XIV : du toucher des écrouelles aux offices, une célébration tout en dévotion

Le Noël contemporain de nombreuses familles françaises est synonyme de fêtes, d’animation et de longs repas plus ou moins arrosés. Au Versailles du XVIIe siècle, sous le règne de Louis XIV, le temps est surtout à la prière et à la dévotion.

Mardi 24, veille de Noël : le roi fit le matin ses dévotions. Après-dîner il entendit vêpres ; ensuite il fit la distribution des bénéfices vacants. A dix heures il retourna à la chapelle, et n’en sortit qu’après avoir entendu les trois messes de minuit comme il fait tous les ans. Monseigneur, messeigneurs ses enfants et madame la duchesse de Bourgogne assistèrent à toutes les dévotions de la journée. […] Jour de Noël : le roi entendit la grande messe et assista à toutes les dévotions de la journée. Monseigneur et les princes ses enfants y assistèrent avec lui. 

C’est ce que nous apprend Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, dans son Journal (publié en 1854). L’Avent et Noël sont, à la cour de Louis XIV, dédiés à la religion. Les célébrations ne comprennent que peu de moments « festifs » au sens où on l’entend aujourd’hui.

Détail. Hyacinthe Rigaud, Louis XIV, roi de France, portrait en pied en costume royal, 1701, huile sur toile, 277 x 194 cm, détail, Paris, musée du Louvre [Crédits : Wikimedia Commons]


Le roi guérisseur : le toucher des écrouelles

Sous l’Ancien Régime, on pensait le roi non seulement investi de droit divin, mais aussi thaumaturge : son toucher était réputé capable de guérir les malades atteints des écrouelles. L’adénopathie cervicale tuberculeuse chronique (le juste nom de cette pathologie) causait des fistules purulentes sur les ganglions lymphatiques du cou.

Les premiers témoignages de cette pratique, qui consiste pour les rois à toucher les lésions des malades pour les guérir – avec souvent l’addition d’un signe de croix et de la formule « le roi te touche, Dieu te guérit » - remonte aux environs de 1100. L’abbé de Nogent-sous-Coucy parle dans son ouvrage Des reliques des saints de Louis VI le Gros qui guérit les scrofuleux en les touchant.

Selon l’abbé Guillaume Du Peyrat (1563 – 1645), les rois « font les miracles de leur vivant par la guérison des malades écrouelles, qui montrent bien qu’ils ne sont pas purs laïques, mais que participant à la prêtrise, ils ont des grâces particulières de Dieu, que même les plus réformés prêtres n’ont pas »

Dans Les Rois thaumaturges. Étude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale particulièrement en France et en Angleterre, paru en 1924, l'historien Marc Bloch analyse cette pratique.

[…] Ainsi Henri II guérissait les scrofuleux. On attribuait également à sa vertu royale la disparition (defectus) d’une peste s’attaquant à l’aine (inguinariae fiestis). […] En somme les écrouelles étaient la spécialité d’Henri II. Son pouvoir guérisseur ne lui était pas personnel ; il le tenait de sa fonction : c’est en tant que roi qu’il était thaumaturge. Il mourut en 1189. Pour le siècle suivant, une série de textes, plus nombreux à mesure que l’on se rapproche de l’an 1300, nous montrent ses successeurs héritiers du même don. Dans l’histoire du miracle royal il occupe pour l’Angleterre la même place que Philippe 1er en France, celle du premier souverain dont on puisse dire, à coup sûr : celui-là a touché les scrofuleux. […]

Extrait de Marc Bloch, Les rois thaumaturges. Étude sur le caractère surnaturel attribué à la puissance royale particulièrement en France et en Angleterre, éditions Armand Colin, Paris 1924, p. 64-65


Avant le XIIIe siècle, le toucher se fait sans régularité. Jusqu’au souverain saint Louis (1214 – 1270) qui fixe un jour précis de la semaine pour effectuer le rituel auprès des malades. Le toucher des écrouelles devient progressivement un passage obligé après le sacre et à chaque fête religieuse.

Les rois en sont éprouvés : l’aspect des fistules est particulièrement repoussant. Mais Louis XIV se prête malgré tout à cette pratique tout au long de son règne. La veille de Noël, le roi reçoit donc les malades à Versailles, sous les voûtes de l’Orangerie. Il pratique aussi la charité en donnant des aumônes aux pauvres et aux souffrants.

Le toucher des écrouelles par le roi Henri II en l'église Saint-Marcoul du prieuré de Corbeny, dans Livre d'heures de Henri II, manuscrit de la BNF lat 1429 [Crédits : Wikimedias Commons]


Confessions et célébrations liturgiques

Louis XIV, en plus du rituel des écrouelles, passe la journée du 24 entre travail et confession. Les spectacles, jeux et comédies sont d’ailleurs interdits. Après un souper léger, le roi et la cour assistent à pas moins de quatre offices : les vêpres en début de soirée et trois messes de minuit (la messe des Anges, la messe des Bergers et la messe du Verbe divin). Un repas gras marque le moment le plus festif de la nuit. Le jour du 25, on assiste de nouveau aux messes quotidiennes et à une grand-messe de Noël. Un dernier banquet vient clore les festivités.

Chapelle royale du château de Versailles [Crédits : Diliff / Wikimedias Commons]


Les soupers, maigre et gras

L’Avent doit être synonyme d’une absence d’excès. La veille de Noël, on soupe donc de poisson, potages et fruits de mer. Après les messes, on a toutefois droit à un repas plus conséquent : agneaux de lait, oie, chapon, poule d’Inde (la dinde, arrivée en France des Amériques – les Indes espagnoles – au XVIe siècle) et marrons glacés (Louis XIV en raffole). Le tout est arrosé de vin pétillant de Champagne. On reconnait dans ce menu la plupart des ingrédients qui apparaissent sur nos tablées de Noël contemporaines.  

Ni cadeaux, ni sapin

A la cour de Louis XIV, on n’offre pas de cadeaux à Noël. Sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI se démocratise toutefois le don d’étrennes à l’occasion du Nouvel An. Le sapin quant à lui, après l’échec de discrètes tentatives de la princesse Palatine et de Marie Leszczyńska, est définitivement introduit à la cour par la princesse allemande Hélène de Mecklenbourg en 1837, plus d’un siècle après le règne de Louis XIV.

Nicolas-Marie Moriot, d'après Franz Xaver Winterhalter, portrait d'Hélène de Mecklembourg-Schwerin (1814 - 1858) [Crédits : Wikimedias Commons]


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