Posadas et piñatas de Noël au Mexique : une tradition marquée par les symboles du catholicisme

Durant les 9 jours qui précèdent Noël, les Mexicains ont une coutume : las posadas – littéralement « les auberges », et une destruction de piñata. Cette tradition tire ses racines de la symbolique chrétienne et reste aujourd’hui encore très religieuse – plus de 80 % des habitants du pays se déclarent catholiques. Retour sur les origines et la pratique de ces étonnants rituels de fin d’année.

Les posadas, inspirées du voyage de Marie et Joseph

La tradition des posadas s’inspire de la description biblique du voyage de Marie et Joseph entre Nazareth et Bethléem et de l’hospitalité qu’ils durent trouver chaque nuit.

Un hommage à l’hospitalité

Selon la Bible et les études historiques, le couple se lance dans un périple de 156 kilomètres, sur de mauvaises routes (non pavées, contrairement à beaucoup d’axes de circulation sous l’Empire romain) alors que Marie est, selon le récit chrétien, presque au terme de sa grossesse. Son état les oblige à trouver abri chaque soir. On peut imaginer des auberges modestes, mais aussi l’accueil d’habitants généreux : des scènes qui constituent le fondement de la tradition des posadas au Mexique. Du 16 au 24 décembre – la durée du voyage -, chaque soir, les Mexicains se reçoivent les uns chez les autres. La coutume veut que les familles et amis forment des groupes : certains restent à l’intérieur des maisons, portes fermées, tandis que les autres se placent, par groupes de deux, à l’extérieur. Ceux-là tiennent à la main des figurines représentant Marie et Joseph, et entonnent les traditionnelles paroles demandant l’hospitalité pour le couple. Dans les maisons, on leur répond qu’on ne les accepte pas, et le dialogue chanté se poursuit jusqu’à l’accueil. Voici quelques vers du chant traditionnel que l'on s'adresse, traduit en français.

Les pèlerins
Au nom du ciel, je vous demande l'hospitalité, car mon épouse aimée, ne peut plus marcher.

Les aubergistes
Ici, ce n'est pas une auberge, passez votre chemin, je ne peux vous ouvrir, au cas où vous seriez un malandrin.

Les pèlerins
Ne soyez pas inhumains, donnez-nous la charité, par le Dieu du ciel, vous serez récompensés.

Les aubergistes
Vous pouvez partir et ne plus ennuyer, parce que si je me fâche, à mon bâton vous goûterez.

[…]


Les pèlerins
Mon épouse est Marie, du Ciel elle est reine, et elle va être mère, du divin verbe.

Les aubergistes
Toi, tu es Joseph, ton épouse est Marie, entrez, pèlerins, je ne vous avais pas reconnus.

Les pèlerins
Que Dieu vous paie, braves gens, notre charité, et que le ciel vous comble, de félicité.

TOUS
Heureuse la maison, qui abrite ce tour, la vierge pure, la belle Marie.

Entrez, saints pèlerins, recevez ce coin, car bien que la demeure soit pauvre, je vous la donne de bon cœur. Chantons tous avec joie, en considérant, que Jésus, Joseph et Marie viennent nous rendre visite !

 

Histoire d'un voyage administratif

Les évangiles de Matthieu et de Luc explicitent les raisons - corroborées par les sources historiques - du voyage de Marie et Joseph. A lieu à cette période un recensement ordonné par l’empereur Auguste, invitant chacun à se rendre dans sa ville d’origine et se déclarer. Vivant dans la région de Galilée, au nord d’Israël, dans la ville de Nazareth, le jeune couple doit se rendre jusqu’à Bethléem, racine de la famille de Joseph. Pieter Brueghel l’Ancien, dans une toile réalisée en 1566, représente ce recensement dans la ville de Bethléem, alors que Marie et Joseph y arrivent à dos d'âne. En même temps que le comptage, des officiers procèdent au prélèvement de la dîme, un impôt obligatoire.

Pieter Brueghel l'Ancien, Le paiement de la dîme ou Le dénombrement de Bethléem, 1566, musée royal des Beaux-Arts de Bruxelles [Crédits : Wikimedias Commons]


La population juive est en effet tenue, dans l’Antiquité, de verser à Rome des impôts, dont une dîme. Cette contribution se monte, comme l’indique son étymologie (decima, une part d’un dixième), à 10 % de la production, et est versée en argent ou en nature aux institutions. Elle concerne les produits de la terre : fruits, céréales, huile et vin. Elle est évoquée dans le Livre de la Genèse à trois reprises : le récit du sacrifice par Caïn et Abel d’une partie de leur récolte, la proposition d’Abraham de verser un tribut au grand prêtre Melchisédech, et le vœu fait par Jacob de rendre à Dieu le dixième de ce qu’il lui a donné.

La piñata, riche en symboles

Piñata dans une rue d'Oaxaca Juarez, Mexique [Crédits : bpperry / iStock / Getty Images Plus via Getty Images]


Après la traditionnelle demande d’hospitalité, c’est le moment de détruire les piñatas suspendues au plafond, pour le plus grand bonheur des enfants. Un acte anodin et amusant, mais hautement symbolique pour les Mexicains. La piñata est un pot de papier mâché ou d’argile, en forme d'étoile à sept branches. Les enfants ont les yeux bandés, et doivent, armés d’un bâton et guidés par les indications de leur entourage, détruire l’objet pour en libérer les récompenses. Symboliquement, les sept branches représentent les sept péchés capitaux ; le bâton, l’aide de Dieu ; les yeux bandés, la foi ; la piñata, le mal devant être vaincu ; les indications des proches, le soutien de l’Église ; la destruction finale, la victoire sur le péché ; et les friandises, la grâce de Dieu.

Ce rituel remonte au XVIe siècle et est introduit par les conquistadors comme un moyen ludique d'évangélisation. La piñata permet de se familiariser, dès l'enfance, avec les piliers du catholicisme, et notamment la notion de mal. Comme souvent, cette tradition n'a pas été créée de toute pièce, mais est issu d'un syncrétisme entre l'imagerie catholique et des traditions locales antérieures. La destruction d'un vase d'argile pour oublier l'ancien et laisser la place au nouveau était par exemple une coutume répandue avant l'arrivée des Espagnols.

La destruction de la piñata est aujourd'hui encore très populaire. Chaque année, la Feria de la Piñata d'Acolman, une foire qui regroupe des artisans spécialistes de la fabrication de piñata, accueille près de 100 000 visiteurs.

 Enfant s'apprêtant à détruire une piñata de Noël sous les encouragements de sa famille, Mexique [Crédits : aldomurillo / E+ via Getty Images]


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