A Nantes, l’épopée du musée Dobrée

Dominique Poirout, vice-présidente de la Loire-Atlantique, avait qualifié le chantier du musée Dobrée « d’hors-normes ». Pour cause, 43 millions d’euros de budgets, six emplacements de travaux simultanés, uniquement des entreprises locales, et un accent particulier sur l’accessibilité. Un projet de grande envergure qui a rencontré de nombreux obstacles, en premier lieu l’animosité des riverains à l’annonce, en 2011, d’un premier plan de rénovation et extension trop moderne à leur goût. Il aura fallu attendre 2022 et la validation de l’architecte des bâtiments de France pour que débutent les travaux. Le 28 mai, l’emblématique musée nantais accueillait enfin ses premiers visiteurs, dans son étonnant mélange de palais médiéval, structure contemporaine et manoir du XVe siècle.

Au XIXe siècle, l’engouement français pour la conservation du patrimoine

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, de nombreuses associations savantes et artistiques se donnant pour objectif d’étudier et de protéger l’histoire et les patrimoines locaux voient le jour. Et en 1830, le poste d’inspecteur des Monuments historiques est créé au ministère de l’Intérieur, démontrant une volonté généralisée – et ne se limitant pas à l’échelle locale – de protection du patrimoine. En 1845, la Société archéologique et historique de Nantes et de Loire-Inférieure est fondée par des notables. Une maison d’archéologie est ouverte sous son impulsion, regroupant de très nombreux objets issus de fouilles. En 1860, la Société fait don de ses collections au département.

Du manoir médiéval au musée

Le manoir de la Touche est construit à Nantes par Jean de Malestroit, évêque de Nantes au XVe siècle. En 1861, il est acheté par Thomas Dobrée, collectionneur et dessinateur issu d’une riche famille d’armateurs. A sa mort en 1894, il lègue au département de Loire-Inférieure le domaine et l’ensemble de ses collections, Rejointes par celles de la Société archéologique de Nantes, elles sont exposées pour la première fois au public en 1899 dans les murs du nouveau musée Dobrée.

Des collections variées

Les collections de Thomas Dobrée, de la Société archéologiques et de nombreux dons et acquisitions investissent aujourd’hui le nouvel espace d’exposition du musée. Estampes, gravures, livres anciens, objets d’art, monnaies et artefacts archéologiques provenant du monde entier se côtoient dans une scénographie particulièrement efficace. Notable parmi les pièces, le reliquaire ayant contenu le cœur d’Anne de Bretagne, volé en 2018, a retrouvé sa place. Une bonne raison, parmi tant autres, d’accorder une visite au musée Dobrée !