Le jeu au Moyen Âge

Les jeux sont nombreux et très répandus au Moyen-âge. Certains, parmi lesquels les jeux d’armes, de lancer, de billes, de boules, de balles, de hasard et dés sont directement hérités de l’Antiquité gréco-romaine. D’autres sont importés, comme les échecs originaires d’Asie. Au XIV° siècle, les jeux de cartes suscitent un véritable engouement. Les jeux collectifs essaiment partout en Europe : soule en France, Shrove Tuesday Football en Angleterre, calcio en Italie. Leurs règles se complexifient.

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Les jeux sont nombreux et très répandus au Moyen-âge. Certains, parmi lesquels les jeux d’armes, de lancer, de billes, de boules, de balles, de hasard et dés sont directement hérités de l’Antiquité gréco-romaine.

D’autres sont importés, comme les échecs originaires d’Asie. Au XIV° siècle, les jeux de cartes suscitent un véritable engouement. Les jeux collectifs essaiment partout en Europe : soule en France, Shrove Tuesday Football en Angleterre, calcio en Italie. Leurs règles se complexifient.

Le jeu de hasard, une offense à Dieu ?

Considérés comme les œuvres du Diable, les jeux sont régulièrement condamnés par les instances religieuses et politiques. Au VIe siècle, déjà, le Code Justinien interdit leur pratique dans les lieux publics et privés, exception faite des jeux sportifs. Étaient qualifiés de délits, les jeux de hasard et d’argent. Pour l’Église, le jeu symbolise la Chute, la conscience humaine du temps qui passe, la fin de l’innocence originelle.

Le jeu offense Dieu, contrevient au premier et troisième commandement en poussant à l’idolâtrie. Il favorise l’avarice, l’envie, la colère, la convoitise et constitue une perte de temps. Le Malin, lui-même, aurait soufflé les règles des dés aux soldats romains au pied de la croix du Christ.

Au XIIe siècle la loi canonique, par le décret de Gratien, interdit les jeux de hasard accusés de développer le mépris de Dieu, celui de sa propre personne et du prochain. Impossible à faire appliquer, l’anathème s’assouplit.

Des sanctions fiscales remplacent peu à peu les sanctions pénales. Certaines pratiques sont acceptées à certaines conditions : jouer honnêtement, avec joie et sincérité, seulement de petits montants et à des heures déterminées. Flamber d’énormes sommes, comme Louis d’Orléans (1372-1407) et Philippe Le Hardi (1342-1404) n’est pas toléré.

Le 3 novembre 1369, Charles V promulgue une ordonnance interdisant tous jeux n’étant d’aucune utilité dans la préparation des hommes à la guerre. Sont punis d’une amende de 40 sous les joueurs de dés, de tables, de paume, quilles, palets, soule ou billes. Les tirs à l’arc et à l’arbalète sont recommandés, comme c’est déjà le cas en Angleterre, sous le règne d’Edouard III.

Cet ensemble de mesures fait suite aux défaites de Crécy (1346) et de Poitiers (1356) infligées aux troupes françaises par l’archerie anglaise. Toutefois ces décisions, peu suivies par la population, se révèlent d’une piètre efficacité pratique. L’ « invasion ludique » se poursuit et gagne l’Europe entière.

Les jeux de hasard

Les jeux de hasard restent les plus appréciés, et notamment les jeux de dés. Cet engouement s’explique par la simplicité du matériel requis (os de bois de cerf, plus rarement ivoire) et la simplicité des règles.

Généralement trois dés sont lancés en vue d’obtenir le plus grand nombre de points en un ou plusieurs jets. Le dringuet ou « franc du carreau » ajoute l’adresse au hasard. Il nécessite un damier.

Les jeux de cartes sont postérieurs. Ils apparaissent en Europe occidentale au cours du XIVe siècle. Leur origine demeure obscure et difficile à établir. Il s’agit, jusqu’à l’invention de l’imprimerie, de trois simples papiers collés ensemble. Les graphismes s’affinent progressivement et le coût baisse.

Certaines cartes sont à figures, d’autres numérales. Divers systèmes coexistent : pic/cœur/carreau/trèfle (le français), bâton/coupe/denier/épée, etc. Les jeux de hasard prédominent, se limitant fréquemment à constituer des séquences et former des regroupements. Au XVe siècle, se combinent hasard et réflexion avec l’introduction des notions d’ajout et de levée.

Les jeux de tables également allient hasard et stratégie. Ils se jouent sur des tables, dites encore marelles ou mérelles. Les pions sont déplacés à chaque tirage des dés sur des lignes ou flèches représentées.

Les échecs, reflet de la société

Les échecs sont le plus noble des jeux. Prisés des rois, ils font partie intégrante de la formation des chevaliers à l’art de la guerre. Ils apparaissent en Asie d’où ils gagnent l’occident par le biais des croisades et du commerce avec l’Islam. Les règles sont modifiées.

Roi, cavalier, fantassins demeurent, mais la reine remplace le vizir. La pratique de ce jeu, très répandu dans la noblesse, s’étend à la bourgeoisie. Certains échiquiers s’apparentent à de superbes pièces de collection.

Sertis de pierres précieuses, ils mélangent bois rare, jaspe, ivoire et cristal. Grâce aux apports venus d’Espagne et d’Italie, le jeu se complexifie. Les statuts de la dame et du fou sont revalorisés. Leur pouvoir s’accroit. Ils bougent de plusieurs cases et sont désormais capables de prendre de loin.

Reflet de la société, ils reprennent les valeurs autour desquelles elles se structurent : goût pour la hiérarchie, désignation d’un vainqueur et d’un vaincu, notions d’ordre, de classement, d’ordonnancement. Les pièces nobles disposent d’une grande amplitude de mouvement.

Les perspectives des pièces populaires sont réduites et limitées. Le roi, pièce fondamentale, constitue l’enjeu de la partie. Cette prééminence royale se retrouve dans les cartes où la séquence roi-dame-valet est incontournable. En revanche, le statut des cartes numérales se rapproche de celui des pions.

Vitrail moyen age

Entre jeu et entraînement militaire aristocratique, chasses et tournois

Nombre de sports violents servent de préparation militaire. Parmi eux, la chasse médiévale, dans la continuation de celle pratiquée dans l’Antiquité, est un véritable entraînement. Interdite aux paysans, la fauconnerie rivalise avec la chasse à courre.

À l’origine asiatique, elle se développe en Europe au Xe siècle. L’équipement est coûteux, le personnel important. Seule la chasse au faucon est ouverte aux dames.

Les rapaces, soigneusement dressés, attrapent rongeurs, hérons, grues et canards. Suit une meute constituée des dresseurs et de chiens rigoureusement entraînés.

Une multitude d’autres exercices préparent aux combats. Le séhourd consiste à désarçonner l’adversaire à coup de lance. Idem pour la quintaine dont l’objectif est de renverser un gros mannequin couvert d’un haubert à coups de lance portés au niveau de son écu.

Quasi sans risque, le chevalier dispose de cinq essais, d’où le nom de quintaine. L’escrime se pratique indistinctement avec un bâton, une épée ou une lance. Les jeux d’adresse : tir à l’arc, arquebuse et arbalète se développent en France et en Europe.

Une fois par an, au printemps, se tient le papegai - ou papagault - dont l’objectif et d’atteindre une cible en forme d’oiseau placée au sommet d’un mât ou d’une tour.

Jusqu’à la fin du Moyen Âge, les tournois réunissent deux équipes pour s’affronter en rase campagne. Leur succèdent les joutes, d’origine paienne, fondées sur le duel équestre. Chaque combattant possède ses propres timbre et bannière. Les spectateurs sont logés dans les hourds.

La cérémonie obéit à des règles strictes. Champions et bannières sont présentés, les cavaliers armés. Ils choisissent leur dame. Le vaincu, désarçonné, est contraint d’abandonner chevaux et harnachements, puis de payer une rançon.

Fréquentées par une jeunesse en mal d’aventures, ces joutes sont l’occasion de montrer sa bravoure, sa vaillance, son aisance et sa dextérité à tenir en selle et manier les armes. Dangereuses, elles prennent fin avec la mort d’Henri II, mortellement blessé face à Montgoméry.

Exercices ludiques populaires

À la campagne, se pratique la soule, ancêtre du rugby. Tous les coups sont permis pour attraper l’éteuf (la balle). Organisée une fois l’an par le seigneur local, elle est très populaire en Angleterre, dans les pays celtiques, en France du Nord et de l’Ouest.

La crosse est considérée comme l’ancêtre du golf. C’est un bout de bois, dont l’extrémité inférieure est courbée, grâce auquel on pousse une balle.

La lutte désigne les combats au corps à corps. Elle est très appréciée, notamment en Bretagne, sur les places des villages le dimanche après-midi.

La cournée, nettement plus dangereuse, consiste à jeter des pierres sur son adversaire. Les gens du peuple organisent combats de coqs et traques d’ours. Certaines manifestations prennent la forme d’émeutes civiles, d’où leurs récurrentes interdictions légales. Les enfants s’amusent de roues, toupies, billes et poupées.

En hiver se pratique le patinage en Angleterre, Danemark et en France. Les patins sont fabriqués à partir d’os, comme les luges. Ce sont parfois des mâchoires d’animaux ou de simples objets détournés de leur usage quotidien tels des couffins, des tables et des tabourets renversés. Les traîneaux sont un luxe réservé aux classes aisées en Europe.

La natation participe à la formation du chevalier. Des joutes nautiques ont lieu en eaux douces (rivières ou fleuves) au printemps et en été. La mer effraie. Les baignades se font en groupe, nu ou vêtu de braies.

Le jeu de paume

Le jeu de paume s’adresse à toutes les catégories de la société. Ancêtre du tennis, il apparaît au XIe siècle, d’abord dans la sphère ecclésiastique. La balle est aléatoirement en bois, boyaux, estomacs d’animaux ou cuir rembourré de tissus. Une corde est tendue, au-dessus de laquelle les joueurs se renvoient le projectile à main nue ou gantée. Vers 1450, cordes et tendons facilitent le renvoi.

La raquette est née. Le jeu aura un grand succès dans les cours européennes du XVIe au XVIIIe siècle, avec des salles dédiées, telle celle qui à Versailles devait accueillir un moment fondateur de l’histoire de France, le « Serment du Jeu de Paume ».

Jeu de Paume

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Avec

Thierry Soulard

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