La Sardaigne, une île oubliée
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Existe-t-il une île moins connue que la Sardaigne ? Non. Malgré sa grande taille, sa position dans le bassin méditerranéen, elle passe encore inaperçue et, même aux yeux de ceux qui en ont entendu parler, elle reste mystérieuse. Qu'évoque-t-elle dans l'imaginaire collectif, sinon un monde inviolé, primordial ?
Existe-t-il une île moins connue que la Sardaigne ? Non. Malgré sa grande taille, sa position dans le bassin méditerranéen, elle passe encore inaperçue et, même aux yeux de ceux qui en ont entendu parler, elle reste mystérieuse. Qu'évoque-t-elle dans l'imaginaire collectif, sinon un monde inviolé, primordial ?
Durant des siècles, la Sardaigne a vécu dans l'isolement. La végétation est constituée d'un mélange inconnu par ailleurs d'espèces européennes, africaines, et insulaires. La faune témoigne du fait que l'île a fonctionné comme une réserve naturelle en protégeant des espèces devenues rares autre part.
Si la Sicile est pour tous les navigateurs un passage obligé, la Sardaigne n'est pas sur les routes maritimes, car elle est plus éloignée des autres terres que n'importe quelle île. Seule la Corse lui est proche ; celle-ci n'a cependant pas été assez hospitalière pour attirer en nombre des populations, et la Sardaigne a ainsi été " protégée " de toute invasion : la route de la terre était difficile, et peu de conquérants se sont aventurés sur mer, car la Sardaigne n'est visible depuis nulle terre.
Ceux qui s'en approchaient depuis l'Italie découvraient le relief abrupt de la côte est, fait d'une barrière de montagnes. Ceux qui arrivaient de Corse prenaient pied sur des terrains granitiques couverts d'un impénétrable maquis.
Seules les populations venues de Carthage ont, à l'aube de l'histoire, réussi une colonisation dans les plaines côtières du sud et de l'ouest de l'île. Elles y ont rencontré une civilisation puissante et originale, dont les traces les plus visibles, les nuraghes, sont des tours en forme de tronc de cône construites en gros appareil, qui ponctuent encore par milliers le paysage sarde.
Cette civilisation a progressivement disparu, mais les vestiges mégalithiques qu'elle a laissés ne laissent pas d'impressionner.
Si Rome, les Byzantins, les Arabes, les Espagnols, les Piémontais ont succédé à ces premiers envahisseurs et laissé des traces de leur passage, ils n'ont jamais entièrement dominé la Sardaigne. Celle-ci s'est protégée de ces vagues successives et a conservé ses structures sociales, économiques, ses traditions : elle est devenue un monde fossile.
Pour Fernand Braudel, elle est « une terre immergée dans une nappe d'histoire lente ». C'est du plus profond des temps que surgissent les habitudes liées aux activités productives, comme le mode d'utilisation des terres communautaires, le pastoralisme semi-nomade ou les codes de la vengeance, fondés sur la balentia, art de valoir et de se faire valoir.
La tradition agro-pastorale présente encore des caractéristiques égalitaires déjà visibles au Moye-Age, lorsque les filles héritaient à égalité avec leurs frères.
Les traditions populaires y sont encore vives, comme en témoigne l'affluence lors des défilés du carnaval. Celui-ci présente des formes originales, en grande partie héritées du paganisme. Il suffit de contempler le spectacle que donnent les boes et merdules d'Ottana pour se rendre compte qu'il s'agit d'une allégorie des difficultés de la domestication.
Et lorsqu'arrive la filonzana, "la fileuse", elle met un terme au combat de l'homme et de l'animal en coupant le fil de vie de ce dernier : comment ne pas y reconnaître le ciseau de la Parque ?
Cette île, surprenante à de nombreux points de vue, mérite absolument une visite. Elle est encore en-dehors du cercle de la civilisation. Elle appartient au territoire italien, mais en fait-elle vraiment partie, même de nos jours ?
Encore maintenant, la Sardaigne conserve ses caractéristiques d'île-conservatoire, conservatoire d'espèces animales, conservatoire d'un mode de vie séculaire, conservatoire de traditions populaires, conservatoire d'une originalité sociale et politique qui s'exprime aujourd'hui par la revendication (cependant marginale) de la création d'un "canton maritime" qui ambitionne de devenir, assorti d'une zone franche située au cœur de la Méditerranée, le 27e canton de la Confédération suisse !
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François Michel
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