Venise, de Chateaubriand aux nouveaux romantiques
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La « rêverie du Lido » de François-René de Chateaubriand dans le livre 7 du quatrième tome des Mémoires d’Outre-tombe reflète, par ses pages les plus admirables jamais écrites sur Venise, la reconnaissance de la grandeur et de la magie d’une cité dont la décadence est inéluctable.
La « rêverie du Lido » de François-René de Chateaubriand dans le livre 7 du quatrième tome des Mémoires d’Outre-tombe reflète, par ses pages les plus admirables jamais écrites sur Venise, la reconnaissance de la grandeur et de la magie d’une cité dont la décadence est inéluctable.
Dans la typologie des destinations touristiques, trois grands ensembles se distinguent : des sites totalement inconnus que le voyageur découvre pour la première fois ; des hauts lieux du patrimoine à voir au moins une fois dans sa vie ; des sites que l’environnement naturel et personnel transforme au grès des saisons et offre à chaque visite des sensations singulières.
Dans cette dernière catégorie, s’inscrit la ville de Venise et sa lagune. Grâce à son décor de théâtre, au ballet immuable des gondoles, aux images littéraires et picturales, aux mille reflets des canaux, Venise appartient à ces lieux qui influencent l’âme.
La « rêverie du Lido » de François-René de Chateaubriand dans le livre 7 du quatrième tome des Mémoires d’Outre-tombe reflète, par ses pages les plus admirables jamais écrites sur Venise, la reconnaissance de la grandeur et de la magie d’une cité dont la décadence est inéluctable. Chateaubriand conçoit le voyage comme un catalyseur pour libérer ses passions : ainsi visiter Venise, c’est aussi voyager dans le temps, voyage qui permet de laisser éclater les tourments, les angoisses et les regrets. « Votre ciel voluptueux, la vénusté des flots qui vous lavent, me trouvent aussi sensible que je le fus jamais ».
Cette poésie marque l’aboutissement d’un long travail de construction intertextuelle et intellectuelle, sur les traces de lord Byron qui remit la cité à la mode en dénonçant les contradictions romantiques de la ville belle mais mourante, dans la lignée du peintre Richard Bonington témoin de l’âme défaillante de la ville, et grâce au guide touristique de Jean-Marie Audin dit Valéry (Voyages historique, littéraire et artistique en Italie, guide raisonné et complet du voyageur et de l’artiste, paru en 1831).
Alors que le premier séjour de Chateaubriand en 1806 présentait une ambiance détestable liée à une déception profonde car les cercueils noirs des gondoles, alors évoquées dans sa correspondance, rappelaient les excès des passions de Goethe dans sa huitième épigramme vénitienne, le second séjour, vingt-sept ans plus tard, se veut plus novateur.
L’auteur des Mémoires d’Outre-tombe se démarque de toutes les autres impressions sur Venise. Il s’en explique à Mme de Récamier dans une lettre du 15 septembre 1833 : « j’ai cherché des choses que les voyageurs qui se copient les uns, les autres ne cherchent point ».
Ainsi, « j’ai pris Venise autrement que mes devanciers ». Il réalise des visites inédites à la Giudecca ou au cimetière ; en plus des traditionnelle prisons, de l’île Saint Christophe, l’île Murano, l’Arsenal et les œuvres du Titien et du Tintoret.
« Venise ! nos destins sont pareils ! mes songes s’évanouissent à mesure que vos palais s’écroulent : les heures de mon printemps se sont noircies, comme les arabesques dont le faîte de vos monuments est orné. Mais vous périssez à votre insu ; moi je sais mes ruines » écrit Chateaubriand. De nos jours, le thème de régénération urbaine met progressivement fin à l’engouement romantique pour Venise.
À l’entrée dans le xxie siècle, deux siècles après les aventures de Chateaubriand, l’arsenal est reconverti en centre d’art dédié à la biennale de Venise, depuis le passage à la gestion municipale d’une partie site en 2013 ; la fabrique de verroterie de Murano ouverte en 1830 est reconvertie depuis 2015 en un complexe résidentiel, d’artisanat et de commerce ; l’île San Clemente est transformée en palace 5 étoiles.
Enfin à Mestre, l’extension terrestre de Venise, un ancien couvent des bénédictins du xvie s devient un centre d’expérimentation et un moteur d’innovation en art contemporain et en start-ups. L’inauguration du pôle culturel M9 est prévue pour décembre 2018.
Restructuration des vieux palais en hôtel de luxe, reconversion des sites industriels, contemporanéité à tout prix dans l’art et l’architecture : Venise est-elle encore ce refuge dans un musée du passé et le support des rêveries ?
Le voyageur du xxie siècle est devenu un nouveau romantique puisqu’il se plait à rechercher l’intimité de quartiers insolites et discrets, à retrouver la solitude insulaire et à appréhender l’authenticité présente d’une Venise au charme désuet. « Je rêve encore mille chimères » écrit Chateaubriand. Le poète aurait donc raison.
Avec
Claire Joncheray
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