Turin, foyer l'art et de l'architecture

A la croisée du Pô et du 45ème parallèle : Turin. L’histoire l’a beaucoup titrée. Capitale du Duché de Savoie au XVIème siècle, puis du Royaume de Sardaigne, un passage plus anecdotique comme chef-lieu du département français du Pô sous Napoléon 1er et enfin, grâce à Victor Emmanuel II, en 1861, première capitale de l’Italie alors Royaume.

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A la croisée du Pô et du 45ème parallèle : Turin. L’histoire l’a beaucoup titrée. Capitale du Duché de Savoie au XVIème siècle, puis du Royaume de Sardaigne, un passage plus anecdotique comme chef-lieu du département français du Pô sous Napoléon 1er et enfin, grâce à Victor Emmanuel II, en 1861, première capitale de l’Italie alors Royaume.

La ville tire son nom depuis le IIIème siècle avant J.-C. du mot Taurasia (ou Taurinia), dont les habitants étaient les taurins, d’origine celto-ligure. Aujourd’hui plus sobrement, capitale du Piémont, elle a apporté sa pierre à la construction d’une Europe industrialisée et moderne. Même Fiat, l’enfant du pays, est parti fabriquer ailleurs et Renzo Piano a transformé et livré l’emblématique bâtiment du Lingotto de la Firma (site de la marque), à la culture et au tourisme. Maintenant que le fracas des tôles pliées a disparu, resurgissent, avec éclat, les délices et splendeurs du patrimoine baroque. La belle ville de Turin possède en son sein des réalisations architecturales mises en scène par les plus grands comme, Guarino Guarini, Bernardo Vittone et Filippo Juvarra.

La meilleure façon d’aimer Turin, c’est de marcher dans ses rues. Avec le Pô au sud et les montagnes au nord, l’une des caractéristiques de la ville est d’avoir imaginé de grands axes avec des porches pour se protéger de la neige, du vent, de la pluie et du soleil. En fait ces porches ouvrent une large voie à l’imagination. Du haut de la tour Antonelliana, qui devait être une synagogue et est aujourd’hui le splendide musée du Cinéma, on découvre la ville du XIXè siècle.

Juvarra, l’audacieux sicilien qui bâtira de Rome à Lisbonne en passant par Madrid, exécutera en 1720 pour Marie Jeanne Baptiste de Savoie, la propriétaire des lieux, une rénovation baroque de son château médiéval des XIV et XVèmes siècles, le Palazzo Madama. Mais les travaux s’arrêteront tôt et seule une façade est réalisée, c’est une splendeur et elle s’inscrit dans la perspective urbanistique du Turin moderne. L’ensemble assez homogène reste d’un anachronisme sans pareil. Il faut y admirer l’escalier monumental, qui est une des références de Juvarra.

Autre merveille laissée par les Savoie, récemment rénovée et, comme les autres, listée par l’UNESCO, la Vénaria Reale. Palais royal comparable par la taille à Versailles ou Caserte. Il est conçu et construit à partir de 1675 à la demande du Duc Charles-Emmanuel II, par l'architecte Amedeo di Castellamonte, Garove et Juvarra y apportèrent leur pierre également, En bordure de la ville, voisine d’un autre palais des Savoie, le Borgo Castello, la Vénaria Reale consacre l'ordre suprême de la Très Sainte Annonciade, un ordre dynastique créé par la Maison de Savoie. Il faut y déambuler le nez en l’air au gré des larges galeries et des allées paysagères du parc.

Il y a aussi, en ville et tout aussi baroque, le Palais Carignan qui vit naître Victor Emmanuel II, premier roi d’Italie, en 1820, et qui abrite aujourd’hui le musée du Risorgimento. A voir aussi le Palais du Valentino, qui mélange baroque et style français.

Dans un genre plus récent, le Palais Benso di Cavour ou vécut l’un des bâtisseurs de l’Italie moderne, Camille Cavour, c’est là qu’il fonda son journal, « Il Risorgimento », stucs et fresques néobaroques décorent les salons du « piano nobile » (l’étage noble). De la même époque la bibliothèque royale de Turin détient diverses œuvres de Léonard de Vinci dont son fameux autoportrait.

Plus futile mais amusant, le « bourg médiéval » dans le parc du Valentino le long du Pô, regroupe et reproduit la plupart des réalisations remarquables du patrimoine piémontais et aostois. Une curiosité qui séduit les visiteurs depuis 150 ans exactement en fait depuis son édification pour l’Exposition Universelle de Turin, en 1884.

I. Aubert

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