Étrange cérémonie au Sri Lanka
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Dans un temple de Kandy, non loin du Temple de la Dent, se tint, une nuit, une cérémonie qui n'avait pas grand-chose à voir avec le bouddhisme theravada canonique, mais qui fait partie intégrante de la culture bouddhiste locale.
Dans un temple de Kandy, non loin du Temple de la Dent, se tint, une nuit, une cérémonie qui n'avait pas grand-chose à voir avec le bouddhisme theravada canonique, mais qui fait partie intégrante de la culture bouddhiste locale.
J'étais souvent reçue par une famille de cette ville, dont la maîtresse de maison était une dévote du temple. Ce soir-là, me dit-elle, elle avait demandé quelque chose de spécial au moine supérieur. Ce dernier était bien connu dans la ville pour son érudition, ses "bana" (prêches donnés à l'occasion de fêtes ou de cérémonies) et sa bienveillance à l'égard de tous, si bien qu'on en parlait comme d'un bodhisattva.
Nous arrivâmes en fin d'après-midi dans le temple, qui était aussi un petit monastère. Nous commençâmes par faire des offrandes de fleurs sur l'autel principal, où trônait une statue de Bouddha. Puis le moine supérieur nous amena dans le Dhammasala (la salle des prêches et des ordinations, souvent une simple terrasse recouverte d'un toit), où chacun s'assit, selon l'usage : le moine sur un siège élevé, nous sur des nattes, les femmes ayant pudiquement repliées leurs jambes sur le côté, les hommes, jambes croisées.
Le moine commença par un "bana" sur l'attachement que nous concevions pour le monde, attachement illusoire, puisque tout est impermanent, insatisfaisant et dénué d'un soi propre. Aux moments forts de sa démonstration, nous, les dévots, mains jointes, murmurions "saddhu, saddhu, saddhu" (un saddhu est un homme saint). Cependant, ajouta-t-il, parfois nous avions des questions auxquelles nous aimerions obtenir des réponses, avant d'entreprendre telle ou telle action. C'est pourquoi nous allions faire ce rituel, ce soir, sous la protection des Trois Joyaux.
La nuit était tombée, abruptement, comme toujours sous les tropiques. L'heure était solennelle. Nous nous levâmes, silencieux, fîmes nos offrandes de lumière, les déposant sur les porte-bougeoirs prévus à cet effet, tout en faisant des souhaits pour le bonheur des êtres. Puis nous nous dirigeâmes vers le grand banyan du lieu, où étaient déjà présentes de nombreuses autres offrandes de lumière.
On nous convia à tourner autour de l'arbre, sept fois, dans le sens des aiguilles d'une montre, muni chacun d'un petit pot en métal, empli d'eau : lors de notre circumambulation, nous devions asperger de-ci de-là le pied de l'arbre, dont quelques racines, impressionnantes, venaient toucher nos pas comme des mains, prêtes à recueillir l'offrande. Puis nous recommençâmes, cette fois-ci avec des noix de coco, des "tambili", c'est-à-dire ces noix orangées qui sont les meilleures à boire. Ensuite les hommes, car cela demandait une certaine force, fracassèrent une autre sorte de noix de coco, celles avec lesquelles on fait la cuisine, contre l'arbre. Puis nous demeurâmes en silence autour du banyan, qui est un arbre sacré chez nombre de peuples asiatiques, depuis les temps préhistoriques.
Il y avait la famille qui avait demandé cette cérémonie, quelques moines du temple, le moine supérieur qui était l'officiant et même l'homme à tout faire ! Ce dernier avait été placé là par ses parents, car c'était un pauvre homme, comme on me l'expliqua, qui n'avait pas toute sa tête. Chez nous, on l'aurait déclaré "déficient mental", voire même schizophrène. Les Sri Lankais avaient du mal à le comprendre, car son langage était à peine articulé, mais il avait trouvé sa place au temple !
Après un long moment de silence, le moine supérieur se tourna vers l'homme à tout faire et lui posa la question de la famille… Et soudain cet homme qui ne savait pas parler, ce simple d'esprit se mit à répondre ! Mais il n'était plus lui : il s'était redressé et semblait bien plus grand. Surtout sa voix était tout autre : c'était une voix bien timbrée, dans les graves, et qui prononçait de vrais mots. Des mots si précieux, en vérité, que le moine supérieur les notait à toute vitesse, sur une feuille de papier. Je questionnais mon amie sur le sens de ces paroles. Elle me répondit qu'elle ne pouvait pas comprendre cette langue qui était du pâli (langue des textes sacrés, que personne ne parle et que l'on doit étudier, à l'instar du sanskrit, de longues années) ! Et la dame d'ajouter, dans un effroi sacré, "Deva, deva, deva…"
Elle était en train de me dire que l'homme à tout faire servait de véhicule à un dieu qui s'exprimait en Pâli, la langue du Bouddha !
Le moine supérieur traduisit l'oracle qui venait d'être rendu. Mon amie sri lankaise sembla tout à fait satisfaite. Après les salutations et les dernières offrandes d'usage, nous quittâmes le temple.
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