Qui était la Reine de Saba ?
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Elle est venue de loin mais d’où précisément ? Était-ce une beauté ? Était-elle affligée de quelque disgrâce ? Est-donc vrai qu’elle séduisit Salomon ? L’Histoire, l’archéologie ont-elle leur mot à dire sur cette souveraine bien énigmatique ?La littérature et l’art, aussi bien en Occident qu’en Orient, se sont emparés du mystère de la Reine de Saba, dont la Bible raconte qu’elle rendit visite au roi Salomon. Le monde islamique, dans la foulée biblique, a inventé tout un florilège de légendes. La tradition éthiopienne fait descendre la dynastie salomonide, qui a régné sur l’Éthiopie depuis le début du 1er millénaire av JC jusqu’au XXe siècle, en droite ligne de Ménélik, fils mythique de Salomon et de la Reine de Saba. Selon une tradition occidentale et médiévale, celle-ci fut guérie d’une infirmité lorsqu’elle toucha le bois avec lequel sera taillée la croix du Christ. Dès l’aube du christianisme, les théologiens glosèrent sur cette femme, plus ou moins légendaire. Elle inspira, au XIIe siècle, les sculpteurs qui placèrent sa statue à l’entrée des cathédrales de Chartres et de Parme. Accompagnée des rois mages, offrant de l’or, l’encens, et la myrrhe, elle servit de motif aux vitraux des cathédrales de Strasbourg et de Cologne.
Elle est venue de loin mais d’où précisément ? Était-ce une beauté ? Était-elle affligée de quelque disgrâce ? Est-donc vrai qu’elle séduisit Salomon ? L’Histoire, l’archéologie ont-elle leur mot à dire sur cette souveraine bien énigmatique ?La littérature et l’art, aussi bien en Occident qu’en Orient, se sont emparés du mystère de la Reine de Saba, dont la Bible raconte qu’elle rendit visite au roi Salomon.
Le monde islamique, dans la foulée biblique, a inventé tout un florilège de légendes. La tradition éthiopienne fait descendre la dynastie salomonide, qui a régné sur l’Éthiopie depuis le début du 1er millénaire av JC jusqu’au XXe siècle, en droite ligne de Ménélik, fils mythique de Salomon et de la Reine de Saba. Selon une tradition occidentale et médiévale, celle-ci fut guérie d’une infirmité lorsqu’elle toucha le bois avec lequel sera taillée la croix du Christ.
Dès l’aube du christianisme, les théologiens glosèrent sur cette femme, plus ou moins légendaire. Elle inspira, au XIIe siècle, les sculpteurs qui placèrent sa statue à l’entrée des cathédrales de Chartres et de Parme. Accompagnée des rois mages, offrant de l’or, l’encens, et la myrrhe, elle servit de motif aux vitraux des cathédrales de Strasbourg et de Cologne.
Salomon et la reine de Saba
Mais a-t-elle existé ? Grâce aux inscriptions retrouvées au pays de l’Arabie heureuse - le Yémen -, on est aujourd’hui documenté sur le royaume de Saba, état sudarabique dont la capitale était Marib et qui jouissait, au 1er millénaire avant notre ère, d’une grande prospérité.
La Reine de Saba est connue de tous : « la richesse et la beauté venant s’incliner devant la Force et la Sagesse ». Légende ? Elle serait venue de Saba, un royaume du Yémen. Son peuple, nomade puis sédentarisé, contrôlait l’activité commerciale de l’Arabie, jusqu’à l’Éthiopie et la Somalie. Les caravanes de Saba transportaient l’encens et les épices dont le reste du monde avait besoin.
Les inscriptions sudarabiques actuellement connues ne semblent pas être antérieures au VIIIe siècle av JC - donc postérieures d’au moins deux siècles à Salomon. On trouve le nom du Pays de Saba dans les annales de Sargon, roi d’Assyrie, au VIIIe siècle av JC, son successeur Sennachérib reçut du roi de Saba un riche présent, qu’il enfouit dans les fondations d’un temple.
Les inscriptions assyriennes, gravées en cunéiforme, prouvent que des femmes gouvernaient les royaumes arabes à cette époque. En 773 av JC, Tiglat-Pileser II, un autre souverain assyrien, célébra sa victoire sur la reine Samsi d’Arabie du nord en ces termes :« Et Samsi, reine des Arabes, au mont Saqiri, 9 400 de ses guerriers j’ai vaincu, 30 000 chevaux (....) 5 000 sacs d’épices de toute sorte j’ai obtenu comme butin.. Pour sauver sa vie, elle dut se tourner vers le désert. »
Si des femmes ont régné en Arabie du nord, les inscriptions antiques du Yémen ne mentionnent aucune reine ... Et aucune ne révèle un souverain antérieur à l’an 800 avant notre ère ! Avant cette date l’histoire de ce royaume s’inscrit dans le vent, les pierres et les sables sans laisser de témoignage.
La plus ancienne mention de la reine de Saba se trouve dans la Bible, qui fut rédigée au 6ème siècle av JC. Le récit biblique ne doit pas être lu comme un document diplomatique : il fut rédigé à la gloire de Salomon.
« S’il se fonde sur des faits réels ; ceux-ci furent remaniés, quelques 4 siècles plus tard lors de la rédaction définitive », remarque Alain Rouaud Les historiens arabes et le Coran donnent un nom à la reine de Saba : Bilkis, l’une des trois reines connues du royaume himyarite (le royaume d’Himyar voisin de Saba fut vaincu par ce dernier). Selon ces sources, elle aurait été la fille d’un roi himyarite, qui cherchait à la marier. Convenablement bien sûr ...
En quête de bons conseils, Bilkis fut envoyée auprès de Salomon. Celui-ci lui présenta un certain Dhu Bata. Hélas ! Cette Bilkis vécut au IIIe siècle de notre ère ... et Salomon 1000 ans avant JC !
Les historiens pensent que la richesse légendaire du royaume de Saba, et que des femmes - fait surprenant ailleurs - aient pu exercer le pouvoir explique le développement du mythe de « la Reine de Saba ». Toutefois, il reste vraisemblable que la Reine de Saba - celle de la Bible - ait existé et qu’elle soit venue d’Arabie du Sud. Le faste en moins.
Avec
Richard Lebeau
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